CONSTELLATIONS

Accueil » Non classé » Dead Zone (D.Cronenberg) : parabole sur le don de soi

Dead Zone (D.Cronenberg) : parabole sur le don de soi

Adapté en 1983 d’après un roman de Stephen King, « Dead Zone » aborde de grands thèmes humanistes sans avoir l’air d’y toucher au premier abord. Remarquablement interprété par Christopher Walken, un professeur amoureux d’une de ses collègues a un accident de voiture. Après 5 ans de coma, il a tout perdu : sa fiancée, des années, et sa santé. Rapidement, il se rend compte qu’il est revenu avec un « don » : celui qui, en tenant la main, permet de voir de façon très aiguë le passé ou le futur des évènements qui vont se arriver, lié à la personne qu’il touche.

Cela lui permettra de sauver des personnes, d’éviter le pire dans certains cas. Mais ce don le ronge et grandit, le consumant comme un feu.

Derrière ce constat dramatique, le récit fait la part belle aux relations humaines, empreintes souvent de noblesse d’esprit face à cette étrange adversité ; ainsi, son ancienne fiancée, désormais mariée et mère d’un enfant, revient vers lui le temps de ponctuer une relation inachevée

Toujours en décalage avec son époque, Johnny Smith, l’homme commun devenu un mystique malgré lui, apprend à passer par 3 étapes : le déni, le refus, puis l’acceptation de son destin. Considéré comme une malédiction, il finit par s’isoler du monde, le contemple, pour finalement accepter les capacités que son don implique. Sans attaches, il est désormais prêt à faire don de lui, répondant au profond archétype de l’homme simple qui embrasse un destin ; en effet, en filigrane de l’histoire, gravite une politicien populiste inquiétant en pleine ascension, et Johnny voit que dans le futur, il représente une menace pour l’humanité. Il tentera alors d’empêcher cela, sortant du déterminisme , persuadé que l’action d’un homme peut influer le cours des choses.

Le film vaut surtout pour sa sobriété et l’humilité face à l’adversité, et son traitement subtil de l’amour des personnages, qui transcende la gravité des problèmes. L’utilisation intelligente du don crée toujours des scènes touchantes empreintes de dignité, comme le professeur qui apprend que sa mère est vivante, mais décide de ne pas en abuser, car une vie est passée et il est trop tard…C’est enfin l’histoire d’une croissance intérieure, définitive et tragique, formidablement interprétée. A noter l’impressionnante prestation de Martin Sheen dans le rôle du candidat politique illuminé, qui hélas en rappellera d’autres à différentes époques.

Tragique et beau à la fois, le film est également l’un des rares à rendre fidèlement à l’écran l’univers de Stephen King


Laisser un commentaire